Impact de la ZAC Bercy-Charenton
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Impact de la ZAC Bercy-Charenton
Le projet de ZAC Bercy-Charenton fit l’objet en 2016 d’une enquête publique. La première étape de la concrétisation de ce projet eut lieu en juillet 2018, lorsque le Conseil de Paris approuva la délibération « 2018 DU 71 » portant sur la « déclaration de projet emportant mise en compatibilité du PLU, l’approbation du dossier de création d’une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) sur le secteur Bercy Charenton (12e), l’approbation du dossier de réalisation de la ZAC Bercy-Charenton, l’approbation du contrat de concession d’aménagement de la ZAC Bercy Charenton et l’approbation du protocole foncier entre la Ville, la SNCF et l’aménageur de la ZAC ».
Les équipements de la Petite Ceinture dans le périmètre de la ZAC
Afin de mieux comprendre les enjeux de ce projet de ZAC, il est utile d’identifier les installations ferroviaires de la Petite Ceinture situées dans le périmètre concerné. Voici une carte de cette zone. En vert figurent les tracés respectifs de la Petite Ceinture et des raccordements nord et sud avec les voies de la gare de Paris-Lyon.
Vous pouvez visualiser ce secteur plus en détail sur notre carte interactive de la situation actuelle de la Petite Ceinture.
Le périmètre de la ZAC Bercy-Charenton comprend la section à double voie de la Petite Ceinture située le long du boulevard Poniatoswki, entre le Pont National et la rue de Charenton. Les quais de l’ancienne station de La Rapée-Bercy du service urbain de voyageurs sont encore présents.
Le périmètre de la ZAC comprend également deux raccordements entre la Petite Ceinture et les voies de la gare de Paris-Lyon : les raccordements nord et sud de Bercy. Le raccordement nord est situé du côté de la porte de Charenton, tandis que le sud est située côté Seine. Ces raccordements ont servi jusqu’au début des années 1990 au transport de marchandises, mais aussi aux échanges de matériel et aux circulations de trains grandes lignes de voyageurs, dits « trains de jonction », entre les grandes gares parisiennes (cliquer ici pour découvrir notre article sur ces trains).
Ces raccordements forment un triangle avec les deux voies de la Petite Ceinture. À l’intérieur de ce triangle est situé le faisceau de voies de l’ancienne gare de triage de La Rapée-Bercy.
Cette gare servait à la formation des trains de marchandises qui parcouraient la Petite Ceinture à partir des wagons provenant des voies des gares de Paris-Lyon et de Paris-Austerlitz. Une fois formés, ces trains partaient vers les voies des gares de Paris-Nord, Paris-Est et Paris-Saint Lazare via la Petite Ceinture Rive droite. Dans le sens inverse, la gare de La Rapée-Bercy recevait les trains provenant de ces trois réseaux. Les wagons étaient alors répartis dans des trains à destination des réseaux des gares de Paris-Lyon et paris-Austerlitz. Cette gare servait également à la formation et à la réception des trains à destination ou provenant des gares locales de marchandises desservies par la Petite Ceinture, comme la gare de Paris-Gobelins.
Au bord des voies de la gare de triage subsistent deux châteaux d’eau et le bâtiment d’octroi, qui servait à faire payer les taxes pour les marchandises entrant dans Paris.
Cette zone est entretenue depuis 2006 par l’association Interfaces Formation. Le travail de cette association permet le développement d’une biodiversité végétale, comme le montre le film suivant.
La Petite Ceinture dans la délibération de la Ville de Paris
La délibération « 2018 DU 71 » fait référence à plusieurs reprises la Petite Ceinture ferroviaire. Voici la liste de ces citations classées selon les chapitres de cette délibération, dont nous reprenons les titres.
Le règlement de la ZAC
« Le périmètre de la ZAC Bercy Charenton est couvert par 4 feuilles de l’atlas : K10, K11, K12, et L11.
Les principales modifications sur ces planches sont les suivantes : […] inscription d’un emplacement réservé pour les futurs ouvrages ferroviaires (raccordement sud, estacade et petite ceinture) ; » (page 7)
La prise en compte des demandes d’Île-de-France Mobilités
« Sur la Petite Ceinture, Île-de-France Mobilités a demandé “d’agrandir le périmètre global de l’emplacement réservé afin de permettre la possibilité d’installer notamment les bases chantier à proximité immédiate dans le cadre de la remise en service du tronçon de la petite ceinture” .
Or, en emplacements réservés, seuls peuvent être autorisés la construction des voies, ouvrages, espaces verts ou installations d’intérêt général précisés par le PLU. Étendre un emplacement réservé aux emprises nécessaires aux installations de chantier nécessiterait, une fois les travaux achevés, d’engager une nouvelle procédure d’évolution du PLU afin de réduire (ou supprimer) l’emplacement réservé pour permettre la réalisation d’autres travaux sur les emprises ainsi libérées. La meilleure garantie pour s’assurer de la faisabilité des ouvrages dans le temps étant que la SNCF conserve la propriété du foncier des ouvrages et des emprises de chantier nécessaires jusqu’à leur réalisation effective, le protocole foncier (2018 DU 71-5) précise que concernant la Petite Ceinture, le Groupe SNCF restera propriétaire de l’emprise de son nouveau tracé à l’exception d’un volume correspondant au gabarit de la rue Baron Le Roy, situé sous le futur ouvrage de la Petite Ceinture et que Groupe SNCF restera propriétaire des emprises de chantier nécessaires à la réalisation du nouvel ouvrage de la Petite Ceinture jusqu’à sa réalisation ; ces emprises seront ensuite cédées à la Ville ou à la SEMAPA. La définition de ces emprises sera arrêtée dans le cadre du rendu des études ferroviaires lancées par la SNCF. » (page 18)
Les décisions à approuver concernant la déclaration de projet et la création de la ZAC Bercy-Charenton
« L’intérêt général du projet réside à la fois dans le contenu du programme et ses modalités de mise en œuvre et qu’il se traduit notamment par la volonté de la Ville : […] d’offrir un cadre de vie de qualité : le réseau d’espaces verts et d’espaces végétalisés permettra de créer une trame paysagère et des continuités écologiques entre les différents réservoirs de biodiversité préexistants : le bois de Vincennes, la Seine, le faisceau ferroviaire, la Petite Ceinture, l’échangeur de la Porte de Bercy, le cimetière Valmy, le Parc de Bercy et le bastion ; » (page 19)
Le planning prévisionnel
« Phase B (2021-2025) :
- Secteur Lamé, démolition et libération du secteur Lamé, aménagement du Secteur Lamé
- Réalisation du Raccordement sud et de son tronc commun avec l’estacade ferroviaire - fin 2020 à fin 2022 ;
- Aménagement de la Petite Ceinture en promenade piétonne.
Phase D (= au-delà de 2030) :
- Construction de l’estacade ferroviaire. Secteur Lamé : aménagement définitif du secteur réservé à la zone de chantier de l’estacade.
- Ouvrage de la Petite Ceinture. » (page 21)
Les équipements publics d’infrastructures
Il y est fait référence à « la promenade piétonne de la Petite Ceinture ». (page 22)
L’étape clé de 2020
« Lors de la rédaction du protocole, il est toutefois apparu que deux événements majeurs à ce jour encore incertains étaient susceptibles de remettre en cause significativement les objectifs de la Ville de Paris et du Groupe SNCF, et d’impacter le projet urbain voire de nécessiter de nouvelles procédures. Ces évènements significatifs sont les suivants :
- Les modalités du déclassement et de reconstitution des emprises de la Petite Ceinture dans le périmètre de l’Opération ;
- la décision d’Île-de-France Mobilités d’implanter un site de maintenance et remisage (SMR) de bus sur le secteur Poniatowski.
Le protocole fixe une clause de revoyure mi-2020 pour constater les incidences de ces deux sujets sur le programme et sur les orientations d’aménagement de la ZAC Bercy Charenton. Dans tous les cas, la Ville de Paris et le Groupe SNCF unifieront leurs efforts afin de trouver des solutions, l’objectif des parties étant qu’il n’y ait pas de dégradation de la constructibilité, aucun impact négatif sur le bilan d’aménagement et aucune modification sur le prix du foncier.
Si aucun impact négatif n’est mesuré, les premières ventes se feront aux conditions fixées par le protocole en 2020 et s’échelonneront jusqu’en 2030 pour certaines emprises dont les libérations sont conditionnées à des décisions sur des ouvrages ferroviaires ; le prix sera réparti entre les terrains, au prorata du coût foncier global de 314 M€ en fonction des surfaces pondérées pour chaque cession. » (page 30)
Un projet remis en cause
Indépendamment de la question de la Petite Ceinture, ce projet de ZAC rencontre une forte opposition, notamment sur volonté de la Ville de densifier d’une zone ferroviaire aujourd’hui peu bâtie, qui plus est par la construction de six tours de grande hauteur. Cette opposition provient d’associations et de partis politiques. Cette opposition est illustrée par la très courte majorité obtenue par la délibération présentée ci-dessus lors de la séance du Conseil de Paris de juillet 2018. Un an et demi plus tard, à l’occasion des élections municipales de mars 2020, le projet paraît être remis en cause, y compris par l’équipe sortante.
Autre argument opposé à ce projet, l’insuffisance de l’offre de transport en commun pour faire face à l’arrivée de 9 000 nouveaux habitants et de 13 000 emplois. Surtout que la ligne de tramway T3a est désormais saturée.
Par ailleurs, l’évolution récente du contexte énergétique et économique, ainsi que la question du réchauffement climatique, alimentent une remise en cause de l’intérêt des grandes opérations d’urbanisme visant à développer la région Île-de-France, notamment à cause de l’impact carbone de ce développement et de sa dépendance au transport routier et au pétrole, principale source d’énergie de ce mode de transport. L’interview de Jean-Marc Jancovici publiée dans l’édition du Journal du Grand Paris d’avril 2018 éclaire sur les grandes lignes de ce débat.
La crise du COVID-19 et ses conséquences économiques risquent de porter un coup supplémentaire, peut-être même fatal, à ce projet. D’autant plus que la délibération de juillet 2018 prévoit les premières ventes de terrain à la Ville en 2020.
Intérêts du maintien de la Petite Ceinture et des raccordements de Bercy
Justement, la crise du COVID-19 et ses graves conséquences sur l’activité du secteur aérien entraînent une modification de l’organisation des relations intérieures en France. Ainsi, le gouvernement demande début mai 2020 à Air France, en contrepartie de son aide pour passer la crise du Covid-19, de supprimer certaines lignes intérieures au profit du train ».
Dans ce cas, et si en plus le projet de ZAC Bercy-Charenton est remis politiquement en cause, le maintient des deux raccordements sud et nord de Bercy peut s’avérer judicieux pour à terme faire circuler des trains :
- Entre les gares de Paris-Lyon et Paris-Bercy pour le raccordement sud,
- Entre la gare de Paris-Lyon et les réseaux des gares de Paris-Nord, Paris-Est et Paris-Saint Lazare, pour le raccordement nord.
D’autant plus, que dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du secteur ferroviaire pour les voyageurs grands lignes, prévue en décembre 2020, les besoins des opérateurs ferroviaires, actuels et futurs, risquent d’évoluer dans les années à venir.
L’utilisation d’une infrastructure ferroviaire existante comme la Petite Ceinture peut s’avérer également intéressant en termes de financement et de bilan carbone, sachant que « le creusement d’un tunnel en région parisienne émet quelque 40.000 tonnes de CO2 par km en raison de l’énergie consommée par le tunnelier, l’utilisation de matériaux tels que le béton et l’acier pour conforter les parois, et les engins de déblayage » (étude présentée par Carbone 4 en 2011).
Malheureusement, la délibération de juillet 2018 ne va pas dans le sens de la préservation de la disponibilité de la Petite Ceinture et des deux raccordements dans la décennie à venir. Au contraire, elle prévoit la suppression du raccordement nord, autrement dit la suppression de la capacité de relier directement, sans rebroussement, la gare de Paris-Lyon aux réseaux des gares de Paris-Nord, Paris-Est et Paris-Saint Lazare.
Par ailleurs, si la reconstruction sous forme d’estacade du raccordement sud de Bercy est prévue, cette reconstruction est repoussée à la fin du projet, soit après 2030. Ce qui entraînerait l’incapacité de faire circuler des trains entre les gares de Paris-Lyon et Paris-Austerlitz pendant au moins les dix ans à venir, alors que le contexte évolue rapidement.
Enfin, la Ville exprime son souhait de prolonger jusqu’à la Seine la promenade réversible aménagée sur la plate-forme de la Petite Ceinture et ouverte durant l’été 2019 dans le 12e arrondissement (retrouver ici la description de cette promenade).
Dans ce contexte, les discussions sur ce projet sont donc loin d’être terminées.
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