Le service circulaire de la Compagnie du Nord sur la Petite Ceinture
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Le service circulaire de la Compagnie du Nord sur la Petite Ceinture
- 1862-1867 : la Compagnie du Nord au service de la Ceinture
- 1893 : démarrage du service circulaire Nord
- 1896 : le service circulaire Nord dans un film
- 1900 : ouverture de l’annexe de la gare de Paris-Nord dédiée au service (…)
- 1901 : fusion des services circulaires Nord et Ceinture
- 1908 : désengagement de la Compagnie du Nord
- Aller plus loin
Un service de trains circulaires ayant la gare de Paris-Nord comme points de départ et d’arrivée fut exploité entre 1893 et 1908. Partons à sa découverte.
1862-1867 : la Compagnie du Nord au service de la Ceinture
La Compagnie du chemin de fer du Nord assure pour le compte du Chemin de fer de Ceinture la traction du service local de voyageurs de la Petite Ceinture Rive Droite, à l’ouverture de celui-ci le 14 juillet 1862. L’ouverture au trafic de la Petite Ceinture Rive Gauche le 25 février 1867 permet la mise en service des premiers trains circulaires entre la gare de Paris Saint Lazare et la station de l’Avenue de Clichy. Elle est accompagnée d’un changement de compagnie tractionnaire ; dorénavant, la Compagnie de l’Ouest remplace la Compagnie du Nord.
Pour effectuer le tour de Paris, les trains de la Ceinture empruntent successivement, au départ de la gare de Paris-Saint Lazare, la ligne d’Auteuil, la Petite Ceinture Rive Gauche et la Petite Ceinture Rive Droite.
1893 : démarrage du service circulaire Nord
La Compagnie du Nord renoue avec la traction des trains du service urbain de voyageurs de la Petite Ceinture au début des années 1890. Alors que se tiennent des débats intenses sur le projet de chemin de fer métropolitain, elle développe un service circulaire équipé de son propre matériel roulant au départ et à l’arrivée de la gare de Paris Nord. Dans ce but, elle construit un double raccordement entre les voies du Nord et celles de la Petite Ceinture. Celui-ci forme un triangle situé entre la station Nord du Pont Marcadet et les stations Ceinture du Boulevard Ornano et de La Chapelle-Saint Denis. Les trains de ce service circulaire Nord, qui démarre le 1er août 1893, partagent à partir de 1900 avec les trains-tramways de Saint-Denis et de Saint-Ouen la gare annexe de Paris Nord, construite à l’angle des rues de Dunkerque et du Faubourg Saint-Denis, ainsi que les voies entre cette gare et la station du Pont-Marcadet. Cette gare est aujourd’hui occupée par un bureau de poste. Ce service, assuré à la fréquence de 2 trains à l’heure et par sens, renforce les deux services de trains circulaires dont la traction est assurée par la Compagnie de l’Ouest :
- Le service des trains effectuant la navette entre Paris Saint-Lazare et Courcelles-Ceinture (2 trains à l’heure et par sens),
- Le service des trains circulant au départ et l’arrivée de la station de Courcelles-Ceinture (2 trains à l’heure et par sens).
La fréquence est en journée de deux trains par heure dans chaque sens de rotation. Avant 8h du matin et après 21h, une navette circule entre la gare de Paris-Nord et la station de la La Chapelle Saint-Denis de la Petite Ceinture, offrant une correspondance avec les trains circulaires de la Petite Ceinture.
La composition des trains du service circulaire Nord est arrêtée de la manière suivante, sauf à réduire cette composition en semaine selon les besoins :
- 2 fourgons à vigie,
- 8 voitures de 2e classe,
- 2 voitures de 1re classe.
Les voitures de 1re classe encadrent donc les voitures de 2e classe.
Les voitures de 1re et 2e classe employées dans ces trains sont équipées du frein continu Westinghouse, de l’éclairage électrique par accumulateurs, de serrures autoclaves et de palettes de marchepieds continues.
À cette époque, le service urbain de voyageurs de la Petite Ceinture est qualifié de métropolitain, la ligne étant considérée comme la première boucle du réseau de chemin de fer métropolitain en projet. Ainsi, Jean-Charles Alphand, Directeur des Travaux à Paris, déclare en 1890 pendant les débats sur ce projet : « le Métropolitain existe à Paris depuis que l’État, la Ville et le Syndicat des grandes compagnies, en dépensant en commun plus de 20 millions, ont supprimé les passages à niveau du chemin de fer de Ceinture, ce qui permet de faire des trains à des intervalles de quelques minutes. »
Les compagnies associées pour exploiter la Petite Ceinture développent ce service dans l’espoir de se voir attribuer la concession de l’exploitation du futur chemin de fer métropolitain. Pour la Compagnie du Nord, le service circulaire sur la Petite Ceinture est complémentaire de son projet de construire deux lignes souterraines de pénétration dans Paris se dirigeant vers les Halles et l’Opéra, en prolongement de ses lignes de banlieue et de trains-tramways. Dans le cadre de ce projet, la Compagnie met au point en 1890, sous la direction de Gaston du Bousquet, deux machines dites « Métropolitain » visant à supprimer les émissions de fumée pendant les circulations souterraines et inspirées des locomotives du Métropolitain de Londres.
Le service circulaire Nord est marqué par le tamponnement le deuxième jour de son exploitation d’un de ses trains avec un train Ceinture, tracté par la Compagnie de l’Ouest, dans le tunnel de Charonne dit du Père-Lachaise. Il voit sa fréquentation augmenter, comme celle des autres services de trains circulaires, dans les dernières années du XIXe siècle. Mais à l’approche de l’Exposition Universelle de 1900, deux évènements marquent un tournant dans l’histoire du service métropolitain de la Petite Ceinture :
- Sur la question du projet de chemin de fer métropolitain, l’État cède à la Ville de Paris en 1895 le soin de construire un réseau de lignes d’intérêt local ;
- Sur la question de la traction des trains du service métropolitain de la Petite Ceinture, la Compagnie de l’Ouest exprime son souhait de se désengager.
1896 : le service circulaire Nord dans un film
En 1896, Georges Demenÿ réalise filme l’arrivée d’un train du service circulaire Nord dans la station de Belleville-Villette. Observez la plaque Nord placé à l’avant de la locomotive, sous la cheminée !
1900 : ouverture de l’annexe de la gare de Paris-Nord dédiée au service circulaire
En 1896 sont entrepris des travaux d’agrandissement de la gare de Paris-Nord du côté de la rue du Faubourg Saint-Denis, afin de créer une annexe dédiée aux trains parcourant la Petite Ceinture, ainsi qu’aux trains-tramways desservant Saint-Denis et Saint-Ouen. [1]
Cette ouverture a pour objectif de faire face notamment l’augmentation du trafic voyageurs pendant l’Exposition Universelle de 1900 au départ et à l’arrivée de la gare de Paris-Nord, en portant le nombre de voies disponibles pour le service de Ceinture de deux à quatre, ce qui permet de faire quatre départs par heure dans chaque sens (horaire et anti-horaire) au lieu de deux.
Ce bâtiment est situé à l’angle de la rue du faubourg Saint-Denis et de la rue de Dunkerque. Il comprend, au rez-de-chaussée, une vaste salle des pas perdus et les installations accessoires du service des voyageurs. Aux étages sont installés des bureaux. Le rez-de-chaussée est aujourd’hui occupé par un bureau de poste, mais le plafond et les lampadaires d’origine sont toujours visibles.
Cette gare spéciale comporte quatre voies de 130 mètres environ de longueur utile, desservies par trois quais hauts, partiellement couverts par une halle de 75 mètres environ de longueur et par un portique sur le quai central. [2]
1901 : fusion des services circulaires Nord et Ceinture
Le 1er août 1901, afin d’adapter le service à l’évolution du flux de voyageurs dans une situation d’apparition de la concurrence du Métro concédé à titre municipal, le service des trains circulaires est réorganisé. Cette réorganisation marque l’abandon du service des trains effectuant la navette entre Paris Saint-Lazare et Courcelles-Ceinture et la fusion des services circulaires respectivement Ceinture, au départ et à l’arrivée de la gare de Courcelles-Ceinture, et Nord, au départ et l’arrivée de la gare de Paris Nord.
Dorénavant, les trains assurent une navette entre les gares de Paris Nord et de Courcelles-Ceinture après avoir parcouru deux ou trois fois le tour complet de Paris. Ces « trains colimaçons » n’empruntent plus que le raccordement Ouest entre les voies de la gare du Nord et celles de la Petite Ceinture, assurant une liaison directe entre les stations de Pont-Marcadet et du Boulevard Ornano.
Suite à cette réorganisation, la composition des trains est modifiée afin que dorénavant, une locomotive Ceinture puisse tracter une rame composée de matériel remorqué Nord et qu’une locomotive Nord puisse tracter une rame composée de matériel remorqué Ceinture. Au départ de la gare de Paris Nord, la voiture de 1re classe est toujours située à l’arrière du train, devant le fourgon d’arrière.
La composition des trains dont le matériel remorqué est fourni par la Compagnie du Nord est la suivante :
- 2 fourgons à vigie,
- 6 voitures de 2e classe,
- 1 voiture de 1re classe (2 le dimanche).
La voiture de 1re classe est toujours placée à l’arrière du train au départ de Paris-Nord, devant le fourgon d’arrière.
Voici des exemples de ces panaches de matériel Nord et Ceinture :
- Une locomotive Ceinture tractant une rame composée de fourgons et de voitures Ceinture :
Ce type de composition est représentée dans le film suivant :
- Une locomotive Ceinture tractant une rame composée de fourgons et de voitures Nord :
Ce type de composition est représenté dans le film suivant :
- Une locomotive Nord tractant une rame composée de fourgons et de voitures Ceinture :
- Une locomotive Nord tractant une rame composée de fourgons et de voitures Nord :
En début et en fin de journée, des services partiels ont comme point de départ ou d’arrivée les gares du Parc Montsouris-La Glacière Gentilly et de La Maison Blanche.
Un système de plaques indicatrices accrochées à l’avant de la locomotive informe les voyageurs du trajet du train. Ces plaques sont changées lors du stationnement en gare de Courcelles-Ceinture. Elles indiquent respectivement :
- Pour les trains devant parcourir plus d’un tour complet, la mention « Circulaire » ;
- Sinon, dans le dernier tour, le nom du terminus : « Courcelles Cre », « Paris Nord », « La Maison Blanche » (dans le sens des aiguilles d’une montre), « Parc Montsouris » (dans le sens inverse des aiguilles d’une montre).
1908 : désengagement de la Compagnie du Nord
Devant la concurrence du métro qui entraîne une chute de la fréquentation des trains du service circulaire de la Petite ceinture, la Compagnie du Nord se désengage de l’exploitation de ces trains en 1908. Dès lors, les trains ont pour départ et terminus la station de Courcelles-Ceinture. Un service de navettes circule dorénavant entre la gare de Paris-Nord et la station La Chapelle-Saint Denis. Ces navettes sont assurées par des autorails à vapeur surnommés « cages à poules ».
Aller plus loin
- Sur le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France, l’article intitulé « Construction du raccordement de la gare de Paris-Nord avec la Petite Ceinture », publié dans le numéro de juillet 1893 de la Revue Générale des Chemins de fer, pp 4-17, planches I à VI ;
- Sur le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France, l’article intitulé « Exploitation des raccordements souterrains entre le Chemin de fer du Nord et la Petite Ceinture à la station de La Chapelle-Saint Denis », Raymond Godfernaux, Revue Générale des Chemins de fer, numéro de juin 1894, pp 309-329, planche XXXVII (pour les passionnés d’exploitation ferroviaire à l’ancienne !) ;
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