Station Avenue de Saint-Ouen
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Station Avenue de Saint-Ouen
Adresse : 128 avenue de Saint-Ouen, 75018.
Cette station est mise en service le 16 novembre 1863, puis reconstruite en 1888 lors des travaux de suppression des passages à niveau sur la Petite Ceinture Rive Droite. Le nouveau bâtiment des voyageurs est ouvert au public le 16 mai 1889.
Cette station est située à proximité du raccordement entre la Petite Ceinture et la ligne des Docks de Saint-Ouen.
Architecture
Le bâtiment voyageurs possède deux caractéristiques remarquables :
- Un quai qui supporte au moyen d’une colonnade en fonte le trottoir de la rue Leibnitz,
- Un bâtiment-voyageurs à cheval sur les voies, d’un style proche de celui des stations Boulevard Ornano, La Chapelle-Saint Denis et Charonne.
Ce style, propre à la Petite Ceinture Rive Droite, se distingue par :
- Des façades à angle droit,
- Un toit de forme spécifique constituée d’« une couverture à deux pentes avec un fronton central en pénétration, au dessus de l’entrée principale », qui remonte au-dessus des portes-fenêtres des façades côté rue et côté voies, afin de pouvoir dégager le maximum de hauteur et laisser pénétrer le maximum de lumière,
- De grandes baies vitrées situées au centre de chaque façade,
- Une structure de façade symétrique composée d’une grande ouverture entourée de deux ouvertures plus petites,
- L’absence d’étage,
- Une passerelle métallique à l’arrière du bâtiment qui permet de desservir les deux quais.
Si, dans l’allure générale, il est proche des trois autres bâtiments de gare à cheval sur les voies, le bâtiment voyageurs de la station Avenue de Saint-Ouen présente quelques différences par rapport à ces derniers :
- Une porte d’entrée en plein cintre au lieu d’une anse de panier, ce qui permet une largeur de façade moins importante qui respecte les contraintes du site (étroitesse du terrain),
- Une toiture qui ne déborde pas des murs,
- Une marquise à simple pente qui ne couvre pas sur les fenêtres latérales.
Voici des extraits d’un article de 1892 des Annales des Ponts et Chaussées qui concernent la construction de la gare de l’avenue de Saint-Ouen [1] :
« Les dispositions nouvelles [...] rappellent d’une façon générale celles des stations du boulevard Ornano et de Charonne.
L’ancien bâtiment des voyageurs, placé en façade sur l’avenue et latéralement au chemin de fer du côté intérieur, a été démoli pour l’établissement des murs de soutènement.
Le nouveau bâtiment a été placé à cheval sur le chemin de fer et en façade sur l’avenue de Saint-Ouen et sur la rue Leibnitz. Il est construit sur un plancher métallique supporté par des murs de soutènement, munis de contreforts, placés parallèlement à l’axe des voies, dans le prolongement des culées du passage supérieur de l’avenue de Saint-Ouen.
Il présente du côté de la voie un passage ou palier de 3 mètres de largeur qui donne accès, par deux escaliers placés à ses extrémités, aux deux quais de la station disposés à droite et à gauche des voies, parallèlement à celles-ci.
L’emplacement de l’ancienne gare a été utilisé pour former une cour dans laquelle on a construit un petit bâtiment en pierre et brique où sont installés les cabinets d’aisances, la consigne, la lampisterie et un magasin à charbon.
La nouvelle gare se compose d’une salle rectangulaire de 14m,90 x 12m,10 (NLDR : Il s’agit des dimensions intérieures du bâtiment) largement éclairée par de grandes baies percées sur les quatre faces. Le long de la façade faisant face à la voie, on a, en laissant libre une porte latérale pour l’entrée des voyageurs, installé en menuiserie des bureaux pour la distribution des billets avec deux guichets, le cabinet du chef de gare et des tables pour les bagages au départ.
La sortie des voyageurs est assurée au moyen de deux portes aménagées aux deux extrémités du palier supérieur des escaliers venant des quais ; l’une donne accès directement à la rue Leibnitz ; l’autre à la cour de service qui communique avec l’avenue de Saint-Ouen.
Les façades du bâtiment de la gare, qui composent les petits côtés du rectangle sur la rue Leibnitz et sur la cour, forment pignons et supportent la toiture avec le concours de deux fermes disposées parallèlement à ces façades. Deux noues sont ménagées entre les deux fermes, dans l’axe transversal du bâtiment, pour dégager les grandes portes des façades principales.
La charpente, entièrement métallique et apparente, est formée de petites poutrelles en treillis. Un plafond en bois apparent fixé aux chevrons forme avec ces poutrelles une série de caissons garnis de moulures sur leur pourtour.
La toiture sur la façade principale se termine par un fronton au-dessus de la porte d’entrée. Celle-ci a 4 mètres de largeur et est coupée au niveau de l’imposte par une marquise, en fer et verre, de 6 mètres de largeur et de 2m,70 de saillie, supportée par deux consoles en fer forgé.
Du côté de la voie, la toiture se prolonge pour recouvrir le palier des escaliers. […]
L’escalier est intérieur est relié, sur le quai correspondant, à un appentis en fer de 70 mètres de longueur appuyé contre le mur de soutènement et formant abri.
La toiture de l’escalier du côté extérieur se combine et se raccorde avec l’encorbellement de la rue Leibnitz qui passe au-dessus de la volée inférieure et abrite le quai extérieur qu’il recouvre sur toute sa longueur.
Les quais […] ont 180 mètres de longueur et 4 mètres de largeur. [...]
Dans les bâtiments, on a employé la pierre de de taille de Souppes pour les seuils des portes et les marches d’escalier, la pierre de taille d’Euville pour les socles et la pierre de Saint-Maximin pour l’élévation. »
Travaux de 1905
Lors du prolongement de la rue Belliard vers 1905, le petit bâtiment annexe est reporté de l’autre côté du bâtiment des voyageurs, le long de la rue Leibnitz. [2]
Après 1934
Après la fermeture du service de voyageurs le dimanche 22 juillet 1934, le bâtiment des voyageurs sert encore quelques années pour le service de messageries. Puis, fin 1938, il est transformé en un cinéma nommé « le Lumière ». Ce cinéma fonctionne jusqu’à la fin des années 1950. Le bâtiment est ensuite occupé par des commerces.
En 2010, un projet de réhabilitation de l’ancien bâtiment des voyageurs en café-concert est lancée par Ville de Paris. Découvrez-le en cliquant ici.
Le raccordement des docks de Saint-Ouen
Ce raccordement, encore appelé raccordement des Épinettes, est ouvert au trafic de marchandises le 1er avril 1862 afin de relier la Petite Ceinture aux docks de Saint-Ouen et à la ligne de La Plaine à Ermont-Eaubonne.
L’essentiel de son tracé est intégré depuis le 25 septembre 1988 à la ligne d’Ermont - Eaubonne au Champ-de-Mars dite ligne Vallée de Montmorency - Invalides (VMI), créée en vue de constituer une branche nord-ouest de la ligne C du RER.
Aller plus loin
- 2012-2014 : Appel à candidature de la Ville de Paris pour la réhabilitation et l’exploitation de la gare de l’avenue de Saint-Ouen,
- Sur le site des Archives de la Ville de Paris, le plan parcellaire du quartier de la station Avenue de Saint-Ouen.
- Sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, présentation des travaux de suppression des passages à niveau entre l’avenue de Clichy et la rue des Poissonniers ainsi qu’entre la rue de Bagnolet et la rue de Charenton ;
- H. Weill. Note sur l’abaissement du chemin de fer de Ceinture de Paris. (17e et 18e arrondissements). Annales des Ponts et Chaussées. 7e série, 1892, 1er semestre, Tome 3, n°9, pp 498-544.. Les planches commencent ici.
Bibliographie
[1] H. Weill. Note sur l’abaissement du chemin de fer de Ceinture de Paris. (17e et 18e arrondissements). Annales des Ponts et Chaussées. 7e série, 1892, 1er semestre, Tome 3, n°9, pp 498-544.
[2] Permis de construire recensé dans les archives de la Ville de Paris : « avenue de Saint-Ouen et rue Leibnitz (18e arrondissement). Syndicat du chemin de fer de Ceinture. Debarle et Savart, constructeurs, 41 rue de l’Ourcq. Rez-de-chaussée. 29 août 1905. »