La desserte marchandises de l’Exposition universelle de 1900 depuis la Petite Ceinture
Une gare de marchandises sur le Champ-de-Mars
Accueil >
Étudier
>
Histoire de la Petite Ceinture
>
Services exploités
>
La desserte marchandises de l’Exposition universelle de 1900 depuis la Petite Ceinture
Si le trottoir roulant et le Métro sont les deux modes de transport les plus souvent associés dans les mémoires à l’Exposition universelle de 1900, le premier grâce au cinéma qui en gardé la trace, le second suite à l’importance énorme qu’il a pris depuis dans les déplacements en région Île-de-France, il n’en reste pas moins que le chemin de fer d’intérêt général joue un rôle essentiel dans l’organisation de cet évènement, tant pour le transport des marchandises que pour celui des voyageurs. Cet article présente le transport de marchandises.
Ce texte et ces illustrations sont extraits d’un article de 8 pages publié en 2022 dans le numéro 25 de la revue Rails d’Autrefois. Pour vous procurer cette revue, cliquer sur ce lien.
1900, l’apogée de la desserte ferroviaire du Champ-de-Mars
Le chemin de fer permet d’abord de transporter les matériaux de construction des bâtiments de l’Exposition et les lourds objets qui y sont exposés. Puis pendant toute la durée de l’Exposition, il approvisionne sans relâche en charbon les machines à vapeur utilisées, en particulier pour la production d’électricité. Ainsi, si Paris peut se doter du surnom de « Ville Lumière » pendant l’Exposition de 1900, c’est grâce au chemin de fer.
Par ailleurs, il achemine plus de de 10 millions de visiteurs grâce à une gare dédiée à l’Exposition : la gare terminus du Champ de Mars.
Le chemin de fer est déjà utilisé pour accomplir ces missions durant les précédentes expositions universelles de 1867, 1878 et 1889 et l’Exposition de 1900 ne représente donc pas dans ce domaine une nouveauté. Mais le service ferroviaire de l’Exposition de 1900 est le plus important de toutes les Expositions universelles qui se sont tenues à Paris. D’une part, il est plus important que ceux des expositions précédentes ; d’autre part, l’Exposition de 1937 voit le trafic routier et le Métro reprendre une grande partie des rôles qui lui avaient été précédemment affectés.
Par ailleurs, l’Exposition de 1900 représente une étape charnière de l’histoire des chemins de fer urbains en Île-de-France. Alors que la gare terminus du Champ de Mars est desservie par des trains composés de locomotives à vapeur et de voitures à essieux, dans la plus pure tradition ferroviaire du XIXe siècle, d’innovantes rames automotrices électriques circulent pour l’Exposition. La Compagnie de l’Ouest exploite ainsi un service de navettes électriques entre la gare de passage du Champ de Mars (l’actuelle station Champ de Mars du RER C) et la gare des Invalides. Ce service est l’amorce de celui de la ligne des Invalides à Versailles et la préfiguration de l’électrification des lignes de banlieue réalisée au cours du XXe siècle.
Onze kilomètres de voies ferrées pour l’Exposition
Afin de pouvoir démarrer le travaux d’aménagement de l’Exposition, un réseau de onze kilomètres de voies ferrées est installé sur le Champ-de-Mars et autour de celui-ci.
Ce réseau comporte trois parties. La première partie est constituée d’une gare de manutention établie au milieu des jardins du Champ-de-Mars. Elle comporte cinq voies et est installée dans l’axe du jardin, c’est à dire perpendiculairement à la Seine. Elle est d’abord raccordée à la gare terminus du Champ-de-Mars par une voie passant sous la Tour Eiffel, avant que cette voie ne soit remplacée par une autre contournant le palais de l’Éducation et de l’Enseignement, puis se dédoublant pour traverser l’avenue de Suffren.
La seconde partie est constituée de la voie ferrée installée rue de la Fédération afin d’approvisionner en charbon les deux usines qui produisent l’électricité pour l’Exposition. Cette voie, nommée la « voie des chaudières » du fait de son usage, est reliée à la gare terminus du Champ de Mars. Une locomotive à accumulateurs électrique de la Compagnie du Nord manœuvre les wagons à l’intérieur de ces usines.
La troisième et dernière partie est une voie desservant à partir des abords de la gare de passage du Champ de Mars (l’actuelle station du RER C) les quais de la Seine où sont construits des bâtiments de l’Exposition. Cette voie s’étend jusqu’au pont de l’Alma sur les actuels ports de Suffren et de La Bourdonnais.
Les circulations ferroviaires pour le transport de marchandises sur le Champ-de-Mars ont lieu jusqu’à vers mi-mai 1900. Ces voies sont approvisionnées depuis la Petite Ceinture Rive Gauche et la gare de Grenelle-Marchandises.
L’Exposition ouvrant au public le 15 avril, les livraisons des derniers objets sont donc réalisées alors que le public est présent. Cette situation est la raison pour laquelle sur certaines photographies, des visiteurs déambulent le long de wagons de marchandises au pied de la Tour Eiffel !
Une fois les dernières livraisons réalisées, les voies sont recouvertes en très peu de temps vers la mi-mai 1900, au moyen de gravillon dans les jardins et au moyen de panneaux amovibles dans les galeries des palais. Après la clôture de l’Exposition, la manœuvre inverse est réalisée afin d’utiliser les voies pour le transport des objets exposés et des matériaux issus de la déconstruction des palais.